Enfin un article de Presse:
L'express du 5 février 2004 .Neuchatel
La princesse des elfes forge
son chemin
Patinoires du Littoral - Grande gagnante de la Star Academy 2, Nolwenn Leroy a invité mardi soir près de mille personnes à suivre sa bonne étoile
Côté pile, il y a Nolwenn, pur produit de la télé-réalité, princesse de pacotille préfabriquée, objet de consommation.
Côté face, Nolwenn Leroy, apprentie chanteuse au coffre prometteur qui veut se faire un nom, éclatant sans cesse d?un petit rire cristallin, pour dire toute sa surprise de se trouver là. Là? Sur la scène de la patinoire du Littoral, à Neuchâtel, où elle a donné mardi soir son second concert en Suisse. Sur la demi-scène, plutôt: avec un peu plus d?un millier d?entrées, il n?y a pas eu de quoi révolutionner l?entier de l?espace.
Fragile Janus
Mardi, la pimprenelle estampillée Star Ac?, telle un Janus, a donné à voir ses deux visages. Tantôt formatée, tantôt elle-même. Tantôt tendre, tantôt âpre. Vêtue d?une robette d?un rose vaporeux, mais sanglée de cuir noir.
Une abrupte fleur bleue au regard vert soigneusement mélancolique, enchaînant mélodies, historiette, pas de danse et violon pour un parterre hétéroclite, - grappes indisciplinées d?enfants ébahis puis épuisés, papas attendris, mamans excédées par les impatiences de leur progéniture et hordes d?adolescentes pailletées, frôlant l?hystérie à l?heure d?effleurer le bras de leur idole.
Alors que défilent les arcanes majeurs du tarot mâtinés d?un lightshow hollywoodien, la gentille brunette emmène le public à la suite de sa bonne étoile, distillant les titres un brin lénifiant de son premier disque mais, toujours paradoxale, revisitant avec bonheur ses souvenirs d?enfance et d?adolescence. «On t?aime» scande la salle. Elle rit. N?en revient pas. On l?aime.
La glace résiste
La glace, pourtant, ne fond pas tout de suite: sincère mais un brin maladroite, grande fille toute simple qui cherche encore ses marques, elle se donne beaucoup de mal pour sortir du carcan cathodique qui l?a emprisonnée, voici un peu plus d?une année, dans ce créneau réducteur. Par les textes bien sûr, mièvreries attendues qui camouflent méchamment ce qu?elle est, elle, la Bretonne de feu, passionnée de légendes celtiques et de chant lyrique.
Pour sa voix, ensuite, qui ne demande qu?à s?échapper, déborder des étroites frontières imposées, pour s?élever et mûrir, libérée des entraves qui l?ont portée aux nues.
Et pour sa sensibilité, enfin, qui affleure quand elle imite ceux qu?elle aime, de Tori Amos à Jean-Jacques Goldman.
Mais voilà que la glace se brise. Enfin. Son célèbre «Cassé» enfle et éclot, attirant comme autant d?aimants ses fans au premier rang. Alors que s?envolent les dernières notes, elle revient, soudain pressée de montrer encore, de garder toute cette ferveur encore un peu à portée de coeur.
Jeune star promise à un brillant avenir, elle sait, elle, qu?elle a encore à apprendre. Son public, lui, s?en va conquis: rivés sur les posters punaisés dans leur chambre, plus de mille paires d?yeux auront eu, très certainement, du mal à s?endormir...
Florence Hügi