30 avril 2015, le temps est venu de partir à la découverte de nouvelles aventures acoustiques, guidé par l'une des plus merveilleuses conteuses que je connaisse.
L'attente fut longue depuis l'annonce de cette date il y a près d'un an. La journée le sera tout autant. Les minutes défilent lentement quand arrive finalement l'heure de prendre la route et de parcourir les quelques kilomètres me séparant du Forum de Chauny. Finalement le clocheton du centre culturel se dessine dans le ciel gris axonais de cette fin d'après midi. Après un rapide repérage des lieux commencera la deuxième phase d'attente, celle qui mêle impatience et enthousiasme et qui vous transforme en pile électrique. Enfin l'ouverture des portes ; la belle salle aux teintes grenat s'offre aux spectateurs comme l'écrin de cette soirée intimiste.
Muriel, la maman de Nolwenn a encore fait des merveilles : l'atmosphère est chaleureuse et confortable avec ce décor épuré et cosy à la fois. Les tapis moelleux au sol et les luminaires vintage qui ponctuent la scène vous plongent dans un autre temps, vous font voyager et vous savez que ce soir vous allez feuilleter délicatement le grand livre de la Nolwennie, celui là même dont vous êtes l'heureux témoin depuis quelques années déjà et qui ne cesse de vous enchanter. Il y a ce côté familier un peu à la façon d'un salon de maison de famille, intemporel et synonyme de souvenirs. Proximité et convivialité sont donc de mise.
Pendant que la salle se remplit progressivement, le féroén Teitur sera mis à l'honneur avec la diffusion de ses titres et notamment l'enivrant Josephine. Comme annoncé, le concert sera sold-out et le public m'est apparu assez large et enthousiaste.
20h30 passé de quelques minutes, la salle s'assombrit et la musique se dissipe . C'est l'instant. C'est ici et maintenant que tout se passe...
L'agile et facétieux françois-Bilbon Delfin-Saquet fait son entrée sous les applaudissements. On le sent très joueur. Il le sera toute la soirée. Il est suivi du grand par la taille par le talent Frédéric Renaudin, en bretelles et par le menhir sur qui l'on peut compter Kevin Camus. Et voici que la lady de Kells fait son entrée en toute simplicité saluée par un public déjà conquis. Rayonnante et souriante on la croirait tout droit sortie du fameux manuscrit illustré. Telle une enluminure dans sa longue robe colorée à motif floral et reflets dorés, la taille est soulignée par une large ceinture de cuir caramel, les yeux rehaussés d'un trait de crayon. Les cheveux remontés en chignon et parés d'un diadème finiront de mettre en valeur l'élégante comtesse conteuse qui impressionne déjà par sa seule présence. Depuis mon siège au premier rang je perçois des murmures d'éblouissement devant cette apparition : un premier instant de grâce pour cette soirée qui en sera émaillée par de nombreux autres...
Nolwenn fera les présentations entre la salle et son groupe précisant son souhait d'intimité, sa volonté de faire de la voix l'instrument central de ce spectacle et la recherche d'une ambiance proche de celle que l'on pourrait trouver en studio d'enregistrement. Ce qui importe véritablement pour Nolwenn, c'est que chaque note, de la plus délicate à la plus subtile puisse être perçue par chaque spectateur. S'avançant vers nous, elle notera amusée que côté proximité on ne peut pas faire mieux avec le premier rang : nous sommes littéralement à ses pieds. On perçoit la grande sincérité de sa démarche, son implication dans ce projet et l'importance que revêt pour elle le caractère acoustique de cette tournée.
Que le voyage commence ...
Nos premières rencontres seront mythologiques. La selkie d'Irlande à la voix délicate et enveloppante nous emmène tout d'abord faire un tour à travers la brume pour La chanson de la mer. Mélusine, la femme serpent, nous révèle ensuite ses mystères et nous ensorcelle par ses envolées dans une reorchestration enivrante. Nous devons ensuite faire face à l'âme sombre du fond des océans, Davy Jones qui donnera à Nolwenn l'occasion de s'accompagner au violon. Ce premier voyage est un veritable tourbillon emotionnel. La main tendue face à la salle, notre druidesse marque le rythme du tambour qui continue de raisonner. Non, ce sont les battements de nos coeurs qu'elle a hypnotisé et qui battent à l'unisson.
La seconde escale sera toute aussi riche en émotions : nostalgie et mélancolie seront nos guides telles de belles héroïnes romantiques. La belle se remémore sa rencontre avec son amie Jonatha Brooke et nous apaise au son de Safe & sound. S'accompagnant au wurlitzer qui apporte un côté très organique et ajoute une touche de nostalgie supplémentaire, Nolwenn reprend ensuite Mon ange ; un titre toujours aussi captivant et qui commence à faire perler les yeux. Il faudra les flammes du dragon Smaug pour les sécher provisoirement avec la reprise très tribale d'Ed Sheeran. I see fire nouvelle pépite, feu d'artifice vocal, nouvel instant de grâce où l'on se sent transporté par une Nolwenn transcendée. Lost again ramène l'eau sur les visages. Nolwenn en explique la genèse et le lien avec la Nouvelle Orléans et l'ouragan Katrina. Mention speciale pour ce titre une merveille en live avec les accents jazzy grâce à Fred et son bugle. On se dit que cette fois elle nous a achevé définitivement. Alors notre hôte nous parle de son story teller d'ami, le magicien Teitur, évoque avec tendresse un certain chat du comté de Chester, et de l'opportunité de le remettre en avant dans ce contexte acoustique, elle nous annonce You get me. Le wurlitzer apporte définitivement cette touche de spleen supplémentaire. What a beautiful song. She got me. La larmichette fait durablement son retour. Comment et pourquoi lutter ?
La troisième halte s'impose comme une nécessité après cette douce nostalgie qui a certainement eu raison de bon nombre d'entre nous. Nous ferons donc halte en terre de tendresse, contrée sur laquelle nous nous sentirons enveloppés, entourés par notre bienfaisante protectrice. La préraphaélite Ophélia nous tend les bras pour un retour à la mer nous inondant de sa douceur. Nolwenn, habitée, nous raconte ensuite Brest dans une reorchestration vibrante. Chauny visiblement bretonne de coeur, Nolwenn nous propose de rester encore. On en oublie le temps et on se laisse porter, envoûter, envelopper. Mais qui aurait l'intention de partir? Ce Reste encore à fleur de peau ne peut definitivement pas laisser insensible. Assise derrière le grand piano à queue, elle finira de nous reconforter avec l'apaisante Endormie. La lévitation est permise voire recommandée...
Ce meme jour, huit ans auparavant Grégory Lemarchal quittait la scene. J'avais pessenti ou tout au moins envisagé que Nolwenn voudrait lui faire un petit clin d'oeil pour la circonstance. Elle lui rendra un vibrant hommage en reprenant, accompagnée par Fred et François, un titre qu'elle avait partagé avec lui à l'Olympia : Même si. On sent notre étoile submergée par l'émotion ; elle en est encore plus touchante, bouleversante. Le public appreciera le geste et saura lui aussi manifester son affection à cet artiste parti trop tôt. Belle et tendre attention : quelle meilleure facon de lui rendre hommage.
And now ladies and gentlemen, let's play the jig. La configuration de la salle ne sera en rien un obstacle. La musique s'affole, notre maîtresse de cérémonie descend de scène et, profitant d'un palier intermediaire, fera le tour complet de la salle devant un public médusé par cette proximité. Le forum se métamorphose alors en un vaste champs de tournesols qui suivent la course de l'astre solaire : impressionnant et toujours aussi efficace. La salle est debout. Si les chaunois ne dansent pas, les paumes des mains sont douloureuses et brûlantes, le parquet résonne des pieds qui frappent en rythme. Quelle energie YIHAA!!!!
Mais déjà voici que se profile la derniere étape de notre périple. Et l'on sent que l'insaisisable va s'evanouir dans la nuit. Un Tri Martolod poignant ramène un peu de serennité, nous transporte loin sur une falaise alors qu'une brise iodée traverse la salle. Le public écoute religieusement cet hymne et accompagne Nolwenn sur la partie a capella. Faut-il, faut-il pas ? est un veritable tourbillon de légèreté pour la salle qui, heureuse de participer siffle claque des doigts et chante. Nolwenn en perd son latin et on recommence pour notre plus grand plaisir. Heureux qui comme moi a fait un beau voyage... voici pour Nolwenn le moment de quitter ses amis de Chauny. Elle nous offre en guise d'aurevoir Amis des jours de pluie remerciant au passage toutes les équipes qui ont rendu ce spectacle possible. Une belle et delicate declaration qui adoucit la séparation.
Pouvait-on réellement se quitter si vite. Les rappels prolongeront cette rencontre privilégiée. Le cheval fougueux revient avec un Wild horses pénétrant pour nous plonger à nouveau dans une douce transe avec ses influences blues. Juste pour me souvenir finit d'embraser la salle qui a lâché prise et a cédé au chant de la sirène. Ses trois malicieux compères, alias les déménageurs bretons, ont décidé d'installé un salon pour la photo souvenir. Jusqu'où iront-ils ? Kevin et Fred finiront le concert en spectateursconfortablement installés dans leurs moelleux fauteuils. Les coeurs se reserrent quand ,finalement, Nolwenn, assise à même le sol, nous offre Je ne serai jamais ta parisienne, veritable hymne nolwennien bouleversant. Le public ne s'y trompe pas et ovationne cette princesse conquérante et ensorcelante venue le toucher en plein coeur. Nolwenn reçoit bouquets et lettres, frôle nos mains, nous promet des retrouvailles pour de nouvelles aventures musicales palpitantes et s'envole.
Alors que la salle se vide, les commentaires se font compliments chez des spectateurs impressionnés après, pour certains, cette première visite en Nolwennie. Direction la sortie des artistes avec le secret espoir de prolonger encore cette soirée. L'attente sera brève. Apres quelques minutes, nous sommes une poignée à voir sortir, sous un manteau rouge et coiffée d'un feutre noir à larges bords, l'heroine de cette soirée. Chacun lui adresse ses remerciements pour ces moments magiques. Nolwenn, très disponible, malgré le retour sur Paris, signe photos, affiches et coffrets. Personne ne sera oublié. D'un dernier signe de la main nous accompagnons son départ dans la nuit. Les yeux brillent, les coeurs vibrent, les têtes sont riches de nouveaux souvenirs. La nuit sera courte et le sommeil difficile à trouver, mais qu'il est agréable de se rememorer ces instants.
Je crois qu'à ce stade il est évident que j'ai particulièrement apprécié ce concert acoustique!!! Nolwenn impressionne toujours davantage. Vocalement, elle est toute en nuances. Multi-instrumentiste, elle est époustouflante. Ses interprétations à fleur de peau vous transpercent et vous transportent. Chapeau également aux musiciens, ils ont été énormes. On les sent soudés, ils ont su faire du bien à nos oreilles. La promesse que chaque note et chaque son parvienne jusqu'à nous a été tenue. Nous etions enveloppés. Quelle douce sensation. La lumière n'est pas en reste. Quand Nolwenn apparait sous un seul halo de lumière, vous êtes comme suspendu. Le public s'est montré très respectueux et à l'écoute attendant jusqu'a la dernière note pour applaudir et parfois même avec un temps de retard visiblement impressionné et troublé.
Que dire d'autre qu'un simplissime et insuffisant MERCI.
Merci pour cette soirée,
Merci pour ces moments de partage,
Merci de nous confier ces trésors,
Merci de nous offrir toutes ces émotions ...
Tu restes dans nos coeurs
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