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Sujet : plusieurs articles Russie/Ukraine e Otan

Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

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ANALYSE - L’Ouest aurait cherché à rabaisser la Russie par l’abandon économique et l’asphyxie stratégique. Mais c’est bel et bien la Russie qui n’a jamais réussi a trouver sa place dans le monde post-guerre froide.

L’OTAN est au cœur de la théorie de «l’humiliation» qu’aurait fait subir l’Occident à la Russie de Vladimir Poutine. Développée au Kremlin, la thèse a été reprise aux États-Unis par les deux maîtres de la politique étrangère Kissinger et Brzezinski, et en Europe par les néoréalistes et d’anciens spécialistes de l’URSS comme Hélène Carrère d’Encausse. Selon eux, les Occidentaux auraient non seulement «abandonné» la Russie qui depuis la fin de l’Union soviétique, se débattait dans des difficultés économiques, mais ils l’auraient aussi «agressée» en étendant l’Alliance atlantique aux anciennes républiques d’URSS devenues indépendantes.

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En se rapprochant de l’Ukraine, ils auraient ignoré le besoin vital de la Russie, imposé par la géographie, l’histoire et la culture, d’établir autour d’elle une ceinture de sécurité qui la protège des influences perverses de l’Ouest. Ce discours est relayé avec force depuis la conférence de Munich en 2007 où Vladimir Poutine avait pour la première fois agressé ses partenaires occidentaux stupéfaits: «La Russie en a plus qu’assez des humiliations, des atteintes constantes à ses intérêts et à partir de maintenant, ses intérêts prévaudront.»

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La théorie de l’humiliation, qui justifie a posteriori les agressions de la Russie contre ses voisins, est pourtant battue en brèche par les spécialistes mais aussi par les démocrates russes. Au niveau économique, d’abord. Comme le rappelle Alain Frachon dans sa dernière tribune pour Le Monde, les Occidentaux ont largement aidé la Russie, qu’ils espéraient ancrer dans le camp occidental après l’effondrement de l’Union soviétique. Ils lui ont ouvert les portes du FMI en 1992 et celles de la Banque mondiale, permettant ainsi à la Russie de souscrire des prêts de plusieurs milliards de dollars. Moscou est aussi rentrée dans le Conseil de l’Europe en 1996 et dans le G7 l’année suivante, qui s’est transformé en G8. En 1998, Washington a apporté son soutien aux autorités russes lors de la crise du rouble. Et bien après les coups de force de Poutine en Géorgie (2008) et en Crimée (2014), l’Occident a continué à offrir au Kremlin des partenariats et des dialogues, dans l’espoir d’amadouer Poutine.

Le spectre des révolutions de couleur

L’Otan, ensuite. À la chute de l’URSS, les relations sont plutôt bonnes entre l’Alliance atlantique et la Russie. Les deux signent un Partenariat pour la paix en 1994, un Acte fondateur en 1997 et fondent un Conseil en 2002. À l’époque, certains envisagent même une intégration de la Russie dans l’Alliance atlantique. Quant à la théorie d’une promesse de non-extension de l’Otan qui aurait été faite par le président George Bush et son secrétaire d’État James Baker à Mikhaïl Gorbatchev et trahie par la partie américaine, «c’est une légende urbaine reprise en boucle par la propagande d’État», explique le spécialiste Nicolas Tenzer. En février 1990, dans cette fameuse réunion, ce sont les modalités de la réunification allemande qui sont négociées et ce à quoi s’engagent, verbalement, les Américains, c’est sur le non-déploiement de soldats et d’équipement de l’Otan dans l’Allemagne de l’Est. Le débat peut d’autant moins concerner les autres pays d’Europe ou d’ex-URSS que la plupart d’entre eux ne sont pas encore tombés et que le Pacte de Varsovie existe toujours. Les archives et Mikhaïl Gorbatchev ont confirmé plus tard que la question d’une extension de l’Otan à l’est n’avait pas été abordée. D’ailleurs, l’entrée de pays d’Europe centrale et occidentale dans l’Alliance atlantique n’aura lieu que beaucoup plus tard, en 1999, dix ans après la chute du mur de Berlin.

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L’Otan, encore. Elle est présentée par la propagande du Kremlin et ses relais comme étant à l’origine du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Pourtant, lors du sommet de Bucarest en 2008, les membres de l’Alliance, après un véto de l’Allemagne et de la France, ont renoncé à lancer un processus d’adhésion pour l’Ukraine et la Géorgie, tout en leur gardant la porte ouverte pour l’avenir. Quant au coup de force de la Russie en Ukraine en 2014, il répond à l’accord d’association que voulait nouer Kiev avec l’Union européenne. Davantage que l’Otan, qui depuis la chute du communisme peine à se réinventer, Vladimir Poutine redoute les révolutions de couleur qui secouent les anciennes républiques soviétiques et la contagion des valeurs de liberté et de démocratie dans sa zone d’influence.

«Insatiable volonté d’expansion»

L’erreur de l’Occident fut d’avoir sous-estimé la colère et la rancœur du Kremlin après les interventions militaires occidentales en Irak, au Kosovo et en Libye. Mais elle est surtout d’être resté aveugle aux ambitions impériales de Vladimir Poutine. De la Géorgie à l’Ukraine en passant par la Biélorussie et le Kazakhstan, c’est la restauration de la Grande Russie qui motive le président russe, bien davantage que l’opposition à l’Otan. «La guerre relève d’une permanence de l’histoire russe», d’une «insatiable volonté d’expansion», écrit le spécialiste de l’histoire russe Stephen Kotkin dans le New Yorker. De la Russie tsariste à la Russie poutinienne en passant par l’URSS soviétique, les autocrates russes sont toujours partis à la conquête de leur voisinage, rappelle-t-il. Dans un article pour le site Desk Russie, l’experte Françoise Thom cite Dmitri Rogozine, président de la commission des affaires étrangères de la Douma en 2001: «Ce n’est pas à l’Otan de s’étendre vers l’est ; c’est à la Russie de s’étendre vers l’ouest.»

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Les néoréalistes avaient nié la puissance des aspirations à la souveraineté des anciens pays d’URSS qui, après s’être extirpés de la dictature communiste, voulaient que l’Otan les sauve d’un retour à un totalitarisme empruntant à la fois à l’Union soviétique et à l’empire tsariste. Vladimir Poutine a lui aussi sous-estimé la détermination et donc la résistance de l’Ukraine, dont il niait l’existence en tant que nation et dont il affirmait que son peuple ne formait qu’un avec le peuple russe. En choisissant depuis l’effondrement de l’Union soviétique, au prix de deux soulèvements, en 2004 puis en 2014, la liberté et la démocratie, l’Ukraine s’est éloignée politiquement de la Russie, même sans l’aide de l’Otan.

Finalement, c’est la Russie qui n’a pas trouvé sa place dans l’Europe de la post-guerre froide. En conservant un modèle politique de plus en plus autoritaire, basé sur la répression et en désignant le modèle démocratique comme un ennemi à abattre, c’est elle qui menace ses voisins.

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Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

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CHRONIQUE - Il est important de rappeler au peuple russe que non, la partie occidentale de l’Europe n’est pas en guerre avec la Russie, et qu’elle ne souhaite pas l’être.

Au centième jour de la guerre déclenchée contre les Ukrainiens par la Russie, on y entend un langage sensiblement différent qu’à son début. Sur les plateaux télévisés, qui rivalisent tous de nationalisme et de soutien à l’armée, les informations sur l’«opération militaire spéciale» cèdent le pas aux envolées contre l’Occident, accusé de vouloir détruire la Russie. Le 24 février 2022, le régime russe, très sûr de lui, proclamait, à la face du monde, son nouveau rôle d’éradicateur du nazisme, lequel se serait réimplanté en Ukraine. Aujourd’hui, dans un mouvement paranoïaque, il se présente comme la victime d’une guerre que l’Occident lui ferait subrepticement.

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Par le procédé rhétorique de l’inversion accusatoire, on ne rappelle pas que c’est le Kremlin qui a commencé cette guerre contre l’Ukraine, mais on sous-entend que c’est l’Occident qui est responsable des hostilités, afin d’affaiblir la Russie. Le diplomate Dmitri Peskov, secrétaire de presse de Vladimir Poutine depuis dix ans, a cru bon de rappeler que, dans son histoire, la Russie n’avait jamais attaqué de pays étranger. C’est vrai qu’au cours des quatre derniers siècles elle a dû se défendre successivement contre les invasions polonaise, suédoise, française et allemande.

À LIRE AUSSILes Occidentaux divisés sur les buts de la guerre menée par l’Ukraine

Mais Dmitri Peskov a oublié l’invasion de la partie orientale de la Pologne le 17 septembre 1939, ainsi que la guerre déclenchée par Moscou contre la Finlande le 30 novembre 1939. Les chars russes envoyés «rétablir l’ordre» à Berlin (1953), Budapest (1956), Prague (1968), n’ont pas été mentionnés par le diplomate. Surtout, Dmitri Peskov omet de rappeler que le président de Russie avait, en décembre 1994, garanti l’intégrité territoriale de l’Ukraine, pays qui venait, à l’invitation pressante des États-Unis, d’abandonner ses armes nucléaires.

Contre-vérités

Dans l’histoire, les contre-vérités ont toujours alimenté les guerres. Elles les ont prolongées. Il est donc important de rappeler au peuple russe que, non, la partie occidentale de l’Europe n’est pas en guerre avec la Russie, et qu’elle ne souhaite pas l’être. Quand Emmanuel Macron invite à dîner Vladimir Poutine le 19 août 2019, les deux leaders ont des vues différentes sur les dossiers syrien et ukrainien. Mais ce n’est pas un adversaire que convie le président français à Brégançon. C’est un partenaire potentiel, pour une «Europe qui va de Lisbonne à Vladivostok», selon le mot d’Emmanuel Macron ce soir-là. La France fait alors tout pour éviter de jeter la Russie dans les bras de la Chine.

À LIRE AUSSIDu rêve russe à la réalité, l’erreur de jugement d’Emmanuel Macron face à Vladimir Poutine

Lorsque la chancelière d’Allemagne s’apprête à quitter le pouvoir, elle se déplace à Moscou le 20 août 2021 pour dire au revoir à Vladimir Poutine. Le leader russe fut un partenaire difficile pour Angela Merkel. Mais, ensemble, ils avaient présidé à la construction du gazoduc Nord Stream 2, reliant directement la Russie à l’Allemagne, via la mer Baltique.

Les stratèges américains étaient très opposés à ce projet. Mais Joe Biden a levé l’opposition des États-Unis, en guise de geste de bonne volonté, avant de rencontrer Poutine à Genève, le 16 juin 2021. Un sommet qui s’était bien passé, de l’aveu même du Kremlin.

Aider un pays à résister à une agression est moralement et politiquement légitime
C’était sincèrement, et sans la moindre arrière-pensée agressive, que l’Allemagne, la France, l’Italie, ont accru leur commerce avec la Russie de Vladimir Poutine. Ces puissances occidentales n’ont pas bronché lors de sa guerre en Tchétchénie (1999-2006), territoire de la Fédération de Russie. Il n’était pas illégitime qu’elles décident de sanctions (légères) après l’annexion de la Crimée et la guerre «hybride» au Donbass de 2014. «Pacta sunt servanda» («il faut respecter les traités»): c’est la base du droit international. Personne ne peut accepter que la Russie ampute le territoire d’un voisin après avoir librement reconnu son indépendance.

À LIRE AUSSIJosé Manuel Albares: «Tous les Européens ont pris conscience des menaces»

Livrer des armes à l’Ukraine n’est pas faire la guerre à la Russie car les Occidentaux ont pris les mesures pour qu’elles ne puissent pas frapper le territoire russe. Aider un pays à résister à une agression est moralement et politiquement légitime.

Complexe obsidional

Une bonne diplomatie est aussi celle qui tient compte du ressenti chez les autres. La Russie a un complexe obsidional. Nous devons éviter de l’alimenter. Interdire à l’avion du chef de la diplomatie russe de se rendre à Belgrade est une faute. Dans l’histoire, les sanctions punitives ont toujours été contre-productives.

Sans relâche et parallèlement, nous devons aider l’Ukraine et rappeler à la Russie son destin vertueux. Qui est d’arrêter de chercher querelle à ses voisins européens, pour développer son territoire sibérien, lorgné par les Chinois. Le jour où elle y sera prête, il nous faudra l’aider à fond, avec notre technologie et nos investissements. C’est comme cela, et pas autrement, que se construira une paix durable sur le continent eurasiatique.

À VOIR AUSSI - L’Occident doit se préparer à une «guerre d’usure» sur le «long terme» en Ukraine




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Ajouté le : 07/06/2022 14:29

Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

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Biographie
Renaud Girard, est le fils d'Augustin Girard (1923-2009), haut fonctionnaire au ministère de la Culture. Il naît le 25 mai 1955 à New York alors que son père, agrégé d'anglais, séjourne temporairement aux États-Unis. Renaud Girard appartient à une famille de résistants originaires du Haut-Doubs, dont plusieurs membres furent tués durant l'Occupation allemande.

Renaud Girard a écrit de nombreux livres dont quelques uns que j'ai pu lire.

Il est plein de bon sens et son passé lui permet de juger avec un certain recul tous les événements qui perturbent la paix dans le monde et anéantit les ukrainiens . Une violence inouïe qui sévit partout et qui les obligent à fuir leur pays



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Ajouté le : 07/06/2022 16:18

Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

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https://livre.fnac.com/a10298158/Renaud-Girard-Quelle-diplomatie-pour-la-France

RÉSUMÉ
Pourquoi la voix de la France ne porte-t-elle plus dans le monde ? De quel grand dérèglement stratégique souffre notre politique étrangère ? Comment expliquer les échecs répétés de notre diplomatie ? Dans cet essai mêlant constats critiques, piliers théoriques et axes pratiques, Renaud Girard plaide avec force et précision pour le retour au réalisme. Être indépendant, entretenir la dissuasion, promouvoir le multilatéralisme, s'imposer comme l'indispensable médiateur : à moins de retrouver ces principes, argue-t-il, jamais nous ne renouerons avec le statut et la mission de notre pays. C'est une leçon magistrale sur la puissance et l'influence, tirée de l'Histoire et appliquée au présent, que livre ici le seul de nos penseurs en géopolitique qui soit aussi un éditorialiste politique et un reporter de guerre. Une véritable fulgurance sur l'urgence et les moyens du sursaut. Normalien, énarque, journaliste ayant couvert tous les grands conflits des trente dernières années, chroniqueur au Figaro, Renaud Girard est l'un des plus grands analystes des questions planétaires. L'association des correspondants étrangers lui a décerné en 2014 le Grand Prix de la presse internationale.

Sorti en 2017



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Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

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https://livre.fnac.com/a7514776/Regis-Debray-Que-reste-t-il-de-l-Occident#int=S:Suggestion|FA:LIV|1|7514776|BL3|L1

sorti en 2014

RÉSUMÉ
À la manière des contes philosophiques, cet ouvrage se présente comme un échange épistolaire entre le philosophe Régis Debray et le reporter international Renaud Girard sur le déclin présumé de l’Occident.
La diversité des expériences, des angles, des points de convergence et de divergence entre les deux auteurs fait de ce petit livre rapide et brillant la synthèse la plus stimulante qui soit sur l’un des plus grands sujets de notre avenir.

OCCIDENT, FICHE CLINIQUE 1
L’Amérique s’ausculte, l’Europe s’égare, la Chine se retrouve. Et voilà que reprennent, côté couchant, le nôtre, les violons de l’automne. Au moment où l’inusable et noble notion d’Occident ressort des manuels scolaires pour labelliser le trio habituel USA/Grande-Bretagne/France, où l’air du temps, dans nos parages, gauche ou droite, est à l’« occidentalisme », où chaque grande conscience en appelle à un sursaut des puissances, valeurs et responsabilités « occidentales », le titre du livre mal famé de Spengler, Le Déclin de l’Occident (1922) se met à courir à la une des magazines. On se lassait de Rambo, on retrouve Hamlet. Le pourquoi du vague à l’âme occidental a des causes cent fois dites : submersion démographique (que pesons-nous sur une planète passée en un demi-siècle de trois à six milliards d’habitants ?) ; désindustrialisation, endettement et déficits publics ; pollution de l’environnement ; chute de compétitivité ; privilège de change du yuan (la Chine vendant, dit-on, à moitié prix) ; perte de foi dans notre modèle de croissance. Etc. Catalogue archi-connu.
Cette neurasthénie passagère ne doit pas peu à l’autorité abusive du comptable, propre à une société fabricatrice et marchande, oublieuse de ses propres pilotis culturels et historiques. Discrétion des ethnologues, ultra-spécialisation des historiens, effacement des géographes, académisme de l’anthropologie religieuse : le docteur en économie donne le la, d’où nous vient l’« adagio d’une altière espérance ». Une bonne balance des paiements, condition nécessaire de

de la puissance et du rayonnement, en deviendrait presque suffisante. Comme si déficits, stagnation, récession, faillites bancaires étaient sans précédent, comme si l’Occident n’en avait pas vu d’autres. Une position hégémonique ne dépend pas du taux de change ni du coût du travail. Si le PIB faisait les hiérarchies, l’Union européenne parlerait d’égal à égal avec les USA et la Chine. Celle-ci, première puissance commerciale, et probablement, vers 2030, première puissance économique du monde, ce qu’elle était déjà en 1830, avec, estime-t-on, un quart du PIB mondial, pourrait benoîtement atteindre le haut du podium. Rien n’est joué par avance. Les epsilons qui font la différence entre le poids et le rôle d’une nation, entre une prépondérance et une influence, entre l’économique et le politique, échappent à l’économie politique, ne s’enseignent pas dans les business schools. Ces facteurs, dont devraient tenir compte ceux qui, chez vous en Chine avec impatience et chez nous en Europe avec mélancolie, sonnent le glas d’une prééminence, sont situés derrière ou en dessous des chiffres. Un état des lieux, fût-il schématique, peut mettre en évidence ces facteurs inaperçus, dès qu’on observe les faits en clinicien plutôt qu’en rebouteux ou en croque-mort.

Listons d’abord les atouts.
Atout no 1 : une cohésion sans précédent
Invention largement mythique – mais les mythes sont des fusées et non des billevesées : l’« Occident » a connu plusieurs avatars durant le dernier millénaire (sans remonter au partage de l’Empire romain, au IVe siècle, ni aux Carolingiens). Pour faire simple, vers 1250, la chrétienté. Vers 1750, l’Europe des Lumières. Vers 1900, le club de Berlin, pour le partage de la planète. Vers 1950, le « monde libre »,

Pour tenir tête à Staline. Toute communauté humaine se posant en s’opposant, cette cristallisation s’est toujours opérée dans un antagonisme avec un Orient intrusif et maudit, incarné tour à tour par le Sarrasin ou par l’Ottoman, par la soutane obscurantiste, par les races inférieures et même esclavagistes, et enfin par le Goulag. Lutte aux cent actes divers entre le Bien et le Mal, la Civilisation et la Barbarie, la Lumière et la Nuit (notre dualisme inné tournant vite au manichéen, que les polythéismes ignorent). Aucune de ces épiphanies historiques n’a eu le degré d’organisation et de consistance que nous connaissons aujourd’hui.
Les contrées où le soleil se noie ont par nature des contours esthétiques mais nébuleux. La zone euro-atlantique, soit l’« aire chrétienne » (moins, ce qui n’est pas rien, le monde orthodoxe), n’a rien d’une géographie mystique. C’est celle, pour parler net, de l’OTAN dont l’Occident serait comme le nom de plume. Ce système politico-militaire est en expansion. L’avant-poste est situé à l’ouest de l’Ouest, aux États-Unis, mais il inclut désormais l’ancienne Europe de l’Est jusqu’aux pays baltes inclus (en attendant la Géorgie). Cette « architecture de sécurité » a de solides piliers et contreforts dans la zone Asie-Pacifique, avec le Japon, Taïwan et la Corée du Sud, ainsi qu’avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande (réunies naguère dans l’ANZUS). Si les États-Unis y interviennent à compte propre, hors OTAN, c’est là encore au nom de l’Occident, de sa sécurité et de ses valeurs.
Sur les vingt-sept ou vingt-huit États de l’Union européenne, vingt et un sont intégrés à l’OTAN et fort contents de l’être. Club de riches ou famille spirituelle, le « monde occidental » ne se contente plus, comme jadis, d’exalter une élite cléricale, intellectuelle ou militaire.


et ainsi de suite, vous pouvez consulter à la fnac sur votre ordinateur une paetie du livre



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Ajouté le : 23/06/2022 22:00

Barge

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https://www.lefigaro.fr/international/en-russie-le-dernier-carre-de-l-opposition-resiste-20220623

bravo à ces opposants russes ,il en faut du courage pour oser résister à ce régime qui a encore aggravé les représailles des récalcitrants à la guerre en Ukraine.



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Ajouté le : 23/06/2022 22:08

Barge

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Dans la collection des dictionnaires amoureux , vient de sortir

Dictionnaire amoureux de l'Ukraine, je l'ai acheté , c'est bien fait et on y apprend beaucoup de choses ,en particulier que nous sommes liés à l'Ukraine : mariage de Anne de Kiev , baptisée Anne de Russie par les russes avec Henri 1er en France

Les russes se sont emparés de tous les musiciens , écrivains , et tous les artistes pour leur compte ignorant les ukrainiens,

Apollinaire a écrit aussi dans alcool 1913


Je suis fidèle comme un dogue
Au maître le lierre au tronc
Et les Cosaques Zaporogues
Ivrognes pieux et larrons
Aux steppes et au décalogue

Portez comme un joug le Croissant
Qu’interrogent les astrologues
Je suis le Sultan tout-Puissant
Ô mes Cosaques Zaporogues
Votre Seigneur éblouissant

Devenez mes sujets fidèles
Leur avait écrit le Sultan
Ils rirent à cette nouvelle
Et répondirent à l’instant
À la lueur d’une chandelle

Il n'a pas oublié son enfance , sa mère de Lituanie ou de Pologne (empire russe) "Olga ".
Guillaume Apollinaire, de son vrai nom Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky, est né à Rome, en Italie. Sa mère était Polonaise, et son père inconnu, probablement un officier italien. En 1901, il s’engagea comme précepteur en Allemagne, et tomba amoureux d’une jeune gouvernante qui refusa ses avances. La douleur de ce rejet marqua ses premiers poèmes. Sa maîtrise de langue française était naturelle, rapide et stupéfiante. Il jouait peut-être même au Scrabble.



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Ajouté le : 23/06/2022 22:32

Barge

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Les chefs de l'État et de gouvernement de l'UE ont reconnu à l'Ukraine et la Moldavie le statut de candidat à l'UE, et accordé "une perspective européenne" à la Géorgie, qui devra encore réaliser des réformes avant d'obtenir ce statut.il y a 21 minutes



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Ajouté le : 14/07/2022 22:41

Barge

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La culture ukrainienne est une composition de valeurs matérielles et spirituelles des Ukrainiens qui s'est formée tout au long de son histoire. Indépendant par intermittence, le pays et son peuple ont développé une culture propre, de nombreux écrivains ont contribué à l'histoire littéraire du pays, tels qu'Ivan Kotliarevsky, Taras Chevtchenko et Ivan Franko. La culture ukrainienne a connu une résurgence significative depuis l'indépendance en 1991.

La culture ukrainienne moderne est issue de l'ancien État de la Rus' de Kiev et de la Principauté de Galicie-Volhynie, que les Ukrainiens considèrent comme leurs ancêtres historiques. Elle a ainsi une culture et une histoire communes avec les nations voisines, comme les Biélorusses et les Russes.

L'art populaire paysan traditionnel, la broderie et l'architecture vernaculaire sont essentiels à la culture ukrainienne, dont les éléments ont souvent été déterminés par les ressources disponibles à l'époque. La forte tradition d'art populaire et de broderie du pays se poursuit encore aujourd'hui, la broderie ukrainienne étant souvent considérée comme une forme d'art à part entière.

Les coutumes ukrainiennes sont fortement influencées par l'Église orthodoxe et les traditions issues de la mythologie slave. La culture ukrainienne a dû surmonter de nombreux obstacles pour survivre et conserver son originalité, car les puissances et empires étrangers qui ont dominé le pays et son peuple dans le passé ont souvent mis en œuvre des politiques visant à assimiler la population ukrainienne dans leur propre population, ainsi qu'à essayer d'éradiquer et de purger des éléments de la culture. Par exemple, la politique de russification a posé des obstacles importants au développement de la culture.



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Ajouté le : 02/08/2022 16:52

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Ajouté le : 17/11/2022 09:01

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un papillon
Ajouté le : 17/11/2022 10:09

Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

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de l'histoire maintenant , c'est assez édifiant

Jean-François Colosimo : « L’Ukraine, terre de fracture entre Orient et Occident »

L’historien: Jean François Colosimo a été directeur du Centre National des Lettres,
une culture hors du commun, écrivain , a été choisi pour remonter les Editions du Chef dont il est le PDG, maison d'édition qui publie absolument de tout de l'initiation à Karl Marx à la Bible de Jérusalem en passant par la psychologie, l'histoire des religions , mais aussi des revues. Leurs ouvrages sont dans les bibliothèques du monde entier. Un éclectisme hors du commun dans la première maison d'éditions des livres rares, utiles à la compréhension du monde.


https://www.lepelerin.com/dans-l-hebdo/decryptage/jean-francois-colosimo-lukraine-terre-de-fracture-entre-orient-et-occident-6894?fbclid=IwAR3rJR-oxaeTMtfsmxmQprH087ax2UyrmGV6J5Nia9s4OeucP_sxk0lAimM



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un papillon
Ajouté le : 23/11/2022 10:36

Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

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un papillon
Ajouté le : 23/11/2022 11:50

Barge

sans la musique la vie serait une erreur (Nietzsche)

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https://www.cairn.info/revue-les-champs-de-mars-2017-1-page-205.htm




L’annexion de la péninsule de Crimée en mars 2014 par la Russie et la création de deux nouveaux sujets de la Fédération ont donné lieu à des réactions internationales vives, principalement aux États-Unis et en Europe. Les motifs avancés par la Russie pour justifier cette annexion sont le plus souvent d’ordre culturel – Sébastopol serait intrinsèquement une ville russe, peuplée de russophones – ou stratégique – Sébastopol, toujours, constitue l’accès quasi obligatoire de la flotte russe de la mer Noire aux « eaux chaudes » –, mais ils sont rarement d’ordre économique. Or la question criméenne est également énergétique : l’annexion a porté atteinte aux projets de réseaux énergétiques transnationaux et aux ressources locales de l’Ukraine. Celle-ci se trouve amputée d’une large partie de la production d’hydrocarbures et de minerais, la plupart des mines ukrainiennes se trouvant à l’est du pays, dans les oblasts de Donetsk et Lougansk, transformés en champ de bataille depuis 2014.

2L’Ukraine qui focalise l’attention des Européens depuis le milieu des années 2000, en tant que l’une des principales routes de transit des hydrocarbures russes vers l’Europe, se trouve maintenant privée d’un territoire à la fois productif et stratégique. Alors que l’attention était surtout centrée jusqu’ici sur les voies terrestres d’approvisionnement en Europe orientale, la multiplication des projets sous la mer Noire a renforcé le rôle critique de la Crimée. Péninsule riche, cette dernière est également un point de passage important, tant par son territoire terrestre que par ses frontières maritimes. Si son annexion n’a pas été reconnue internationalement et, en conséquence, n’a pas donné lieu à une extension de la zone économique exclusive&#8239;[1]
[1]
D’après le droit de la mer, une zone économique exclusive est… (ZEE) russe, Moscou considère les eaux territoriales de la Crimée comme étant siennes&#8239;[2]
[2]
Ilya Nuzov, « National ratification of an internationally… et ne se priverait sans doute pas de les défendre au besoin. Après la Baltique, le jeu de go des gazoducs se déploie maintenant en mer Noire, avec la Crimée au centre du plateau.

L’Ukraine amputée de ressources potentielles importantes

3La situation énergétique de l’Ukraine était, avant 2014, bien connue. Malgré des ressources nationales importantes en charbon (environ 3,8 % des réserves mondiales) et un recours très étendu au nucléaire civil (23,3 % du total de la consommation énergétique, le second consommateur en volume après la France) – même avec le précédent de Tchernobyl –, le pays souffrait d’une énorme dépendance aux approvisionnements gaziers de Moscou. Certes l’Ukraine dispose d’une production nationale d’hydrocarbures liquides, à commencer par le gaz, mais celle-ci ne pouvait pas combler les besoins nationaux : sa production maximale plafonnait à 19,3 milliards de mètres cubes (Mm3), alors que sa consommation s’élevait à près de 60 Mm3 à son plus haut. Dans ce contexte, la Crimée avait une production intéressante, en augmentation au moment de l’annexion, qui atteignait les 2 Mm3 annuels.

4En outre les zones off-shore au large de la Crimée recéleraient d’importantes ressources pétro-gazières, capables de diminuer la dépendance de l’Ukraine aux importations de gaz russe qui ont baissé depuis le déclenchement de la guerre. Ces zones se révéleraient particulièrement prometteuses, avec des réserves de l’ordre de 2 000 Mm3 potentiels, contre des réserves prouvées de 600 Mm3 terrestres pour l’Ukraine, selon BP. La Crimée s’avérait donc une région de grandes promesses pour Kiev, en particulier après l’échec des tentatives d’exploration-production de gaz de roche-mère terrestre, abandonnées par Chevron-Texaco à la fin de l’année 2014 en raison d’un manque de rentabilité&#8239;[3]
[3]
Nicolas Mazzucchi, « L’exploitation des gaz et pétrole de….

5La Russie, en annexant la Crimée, a également récupéré l’ancienne filiale de la compagnie nationale ukrainienne Naftogaz, Chernomorneftegaz, chargée de l’exploitation de la Crimée. Grâce aux matériels de l’entreprise, la nouvelle « république de Crimée » est apte à produire du gaz et du pétrole depuis le territoire annexé, même si Chernomorneftegaz a été placée sur la liste noire des entreprises du département du Trésor américain. À la suite de ces sanctions, ainsi que de celles de l’UE, Chernomorneftegaz ne peut se reposer que sur le savoir-faire et les financements russes pour ses besoins en exploration-production. Si pour le moment cette situation s’avère tenable pour la compagnie, elle risque de limiter ses capacités pour la mise en production de certains champs dans le futur.

La Russie confrontée au défi de l’approvisionnement énergétique de la Crimée

6De fait, la Crimée, même si elle est riche en gaz, voire en pétrole, est totalement isolée du reste du territoire russe et du réseau de pipelines ukrainien. Les approvisionnements énergétiques de la péninsule en hydrocarbures raffinés et surtout en électricité se sont toujours faits depuis le reste du territoire ukrainien, surtout après l’abandon de la construction d’une centrale nucléaire en Crimée dans les années 1980, à la suite de l’accident de Tchernobyl.

7Face à cette situation, le ministère de l’Énergie russe a décidé de construire un gazoduc entre la péninsule russe de Kouban et la ville criméenne de Kertch pour approvisionner la Crimée en gaz et surtout pour alimenter les centrales électriques thermiques qu’il envisage d’y construire. Celui-ci devrait entrer en fonction en 2018, limitant d’ici là les capacités de production électrique de la péninsule. La Crimée ne produit pour le moment que 30 % de son électricité, de sorte qu’il lui faut importer le reste d’Ukraine, en échange de charbon russe. Inutile de dire que les relations entre Kiev et Sébastopol sont particulièrement tendues et, de la même manière que des « interruptions » avaient lieu dans les livraisons de gaz russe à l’Ukraine, des « interruptions » se produisent parfois dans l’approvisionnement électrique de la péninsule, officiellement à la suite d’actions d’activistes ukrainiens&#8239;[4]
[4]
« Crimea power blackout. Russia accuses Ukraine of sabotage »,….

8Pour remédier à cette situation, la Russie s’est lancée dans la construction d’un « pont électrique » d’urgence au travers du détroit de Kertch. À la fin de l’année 2015, une première ligne électrique d’une capacité de 400 mégawatt (MW) était posée, ce qui représentait 40 % des besoins de la péninsule. Le pont électrique a été étendu en 2016 avec la construction de nouvelles lignes portant à 800 MW la capacité de fourniture d’électricité depuis le territoire russe&#8239;[5]
[5]
Vladimir Soldatkin, « Putin says Crimea now free of reliance on…. En comptant sur ces infrastructures électriques, le nouveau gazoduc, ainsi que le futur pont routier et ferroviaire annoncé pour 2019, la Crimée devrait se retrouver indépendante de l’Ukraine pour ses approvisionnements énergétiques à l’horizon 2020. Il reste néanmoins à Moscou à construire sur place des installations de production électrique, a priori des centrales thermiques à gaz&#8239;[6]
[6]
Anton Zverev, Gleb Stolyarov, « Exclusive. Crimea power project…, pour augmenter la sécurité énergétique de la péninsule qui demeure, pour le moment, dépendante de l’artère traversant le détroit de Kertch.

Les pipelines de la mer Noire : des projets en suspens

9Au-delà de la question des ressources et des approvisionnements, l’annexion de la Crimée par la Russie a également eu un effet collatéral sur les différents projets de pipelines de la région de la mer Noire. Depuis le milieu des années 2000, à la suite des guerres gazières russo-ukrainiennes (2006-2009), la Commission européenne a pris la mesure des effets collatéraux qu’une dépendance trop grande à l’égard de la Russie pour ses approvisionnements gaziers pouvait provoquer. Alors que l’Europe du Sud-Ouest (Espagne, France, Italie) apparaît à l’abri des soubresauts géopolitiques des marches orientales de l’Union européenne (UE), les pays d’Europe centrale et orientale (Allemagne, Bulgarie, Hongrie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie) sont pris au piège des disputes entre Kiev et Moscou. Même si tous ne sont pas dépendants au même niveau, ils ont en commun le fait de disposer d’un mix énergétique faisant appel de manière extensive aux hydrocarbures russes – principalement le gaz – avec des besoins qui restent importants même s’ils ne sont pas forcément croissants. Les pays les plus à l’Est, comme la Bulgarie ou la Slovaquie, demeurent les plus dépendants.

10De cette situation particulière naît en 2008 la politique communautaire du Corridor gazier Sud (Southern Gas Corridor) pour tracer de nouvelles voies d’approvisionnement, contournant la Russie et l’Ukraine, vers le Caucase, le Moyen-Orient et l’Asie centrale. Le projet de Corridor gazier Sud repose au départ sur trois voies différentes : l’interconnecteur Turquie-Grèce-Italie (ITGI), le Nabucco entre l’Azerbaïdjan et l’Autriche au travers de la Turquie, de la Bulgarie, de la Roumanie et de la Hongrie, et finalement le White Stream entre la Géorgie et la Roumanie&#8239;[7]
[7]
Un doute subsistait quant au tracé, qui pouvait être…. De ces projets il ne reste en 2017 que peu de chose. L’ITGI n’a pas été relié à l’Italie pour le moment même si des projets existent encore. Le Nabucco n’a pas survécu à la mise en œuvre de projets concurrents russes (South Stream puis, aujourd’hui Turkstream) et azerbaidjanais. Au titre des financements européens du Corridor gazier Sud, il a d’ailleurs été remplacé par le projet de double gazoduc trans anatolian natural gas pipeline project/trans adriatic pipeline (TANAP/TAP) qui va de l’Azerbaïdjan à l’Italie en passant par la Turquie, la Grèce et l’Albanie.

L’extension des gazoducs européens vers la mer Caspienne : un projet en échec

11Enfin, White Stream, le moins ambitieux et donc le moins risqué des trois projets, semblait à l’écart des grandes manœuvres géopolitiques régionales. Reliant les zones gazières du Caucase du Sud à l’autre rive de la mer Noire, il présentait un caractère moins stratégique. Le projet, porté par le consortium Georgia Ukraine European Union (GUEU), promettait non seulement de relier l’Europe orientale aux réserves caucasiennes hors de Russie, mais aussi de créer à terme une connexion vers les ressources d’Asie centrale en passant sous la mer Caspienne. Le projet White Stream était ainsi considéré à son extension finale comme un gazoduc de 32 Mm3 de capacité&#8239;[8]
[8]
La première étape, plus modeste, prévoit simplement un tube de…. Toutefois ce projet supposait que le statut de la Caspienne soit tranché dans un sens défavorable à la Russie, à savoir que l’option « mer » soit retenue. Certains pays riverains, comme la Russie et l’Iran, considèrent en effet qu’il s’agit d’un lac, tandis que les autres, le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan, estiment qu’il s’agit d’une mer et qu’il faut par conséquent procéder à un découpage des eaux. Ce projet supposait également que le Turkménistan soit prêt à y injecter du gaz, la totalité de sa production partant pour le moment en Chine et en Russie. En un simple mot, les promoteurs du White Stream ont consciencieusement évité les eaux territoriales de la Russie.

12Cette situation a été bouleversée par l’annexion de la Crimée et le projet pourrait bien rester lettre morte. En effet, le tracé final supposé du pipeline passe en plein milieu des eaux territoriales, au large de la péninsule. L’annexion n’ayant pas été reconnue internationalement, ces nouvelles eaux territoriales n’appartiennent pas officiellement à la Russie. La situation est néanmoins complexe pour les promoteurs du gazoduc. Alors que les conventions internationales leur permettaient de poser librement un gazoduc dans les ZEE, elles les obligent à obtenir l’accord des pays riverains dont ils traversent les eaux territoriales. En outre, Moscou ayant annoncé qu’elle considérait que la république de Crimée et la ville d’importance fédérale de Sébastopol étaient pleinement intégrées au territoire national de la Fédération de Russie, il y a fort peu de chances que la marine russe laisse des compagnies étrangères poser des conduites au large de la Crimée. Il en résulte un retard certain dans la construction et la mise en fonction du projet White Stream, malgré l’entrée de la Géorgie dans l’Union de l’énergie en 2016. Alors que le gazoduc devait entrer en fonctionnement à la fin de l’année 2016, le site Internet du consortium GUEU – renommé consortium White Stream – annonce désormais la fin du projet pour 2022.
Réflexions sur l’état d’avancement des projets énergétiques russes

13La Russie s’intéresse à la région de la mer Noire pour le transport du gaz vers l’Europe depuis le milieu des années 2000 et le déclenchement des « guerres gazières » avec l’Ukraine. Le premier projet, South Stream, prévoyait la pose d’un gazoduc de grande capacité (63 Mm3) depuis la Russie jusqu’en Autriche en passant par la Bulgarie. Celui-ci est finalement abandonné par la Russie le 1er décembre 2014. Plusieurs raisons, tant économiques que politiques, en sont la cause. Tout d’abord, la crise économique, forte en Europe du Sud – principale cible de la desserte du gaz de South Stream – induit une importante baisse dans la demande de gaz naturel. L’Italie, premier partenaire économique du projet à travers l’entreprise ENI, voit sa consommation se réduire de 29 % au tournant des années 2010. Dans ce cadre, le surdimensionnement de South Stream pose des problèmes. En outre, à la suite de la crise ukrainienne, les autorités européennes décident de mener en priorité les projets du Corridor Sud. Ces derniers, notamment TANAP/TAP, sont les concurrents immédiats de South Stream. À l’été 2014, la commission européenne lance des enquêtes en Bulgarie sur les conditions d’attribution de certains marchés à l’entreprise South Stream NV, possédée à 51 % par Gazprom, qui porte le projet.

14Les procédures lancées en annulation, combinées à la baisse de la demande gazière, amènent les autorités russes à abandonner un projet qui s’annonçait comme compromis. Quelques semaines plus tard, l’idée d’un nouveau gazoduc se fait jour. Nommé Turkish Stream, il relierait les champs gaziers russes à la frontière gréco-turque. L’idée des promoteurs russes est d’éviter le territoire de l’UE, pour se prémunir de ses actions ; libre aux Européens de construire une infrastructure jusqu’à la frontière turque s’ils veulent du gaz. Puis le projet Turkish Stream est mis en sommeil après la brouille russo-turque de novembre 2015 qui culmine avec la destruction d’un avion de combat russe par les forces turques. Il faut attendre le mois d’octobre 2016 – et la réconciliation Poutine-Erdogan à la suite, notamment, du coup d’État manqué à Istanbul en juillet 2016 – pour que les deux pays annoncent la signature du projet de gazoduc, rebaptisé Turkstream, finalement dimensionné à hauteur de 31,5 Mm3, soit la moitié de South Stream&#8239;[9]
[9]
Sans compter que Turkstream approvisionne aussi la Turquie,….

15Turkstream propose de connecter les régions occidentales de la mer Noire à la Russie en passant par la Turquie et plus seulement au travers de l’Ukraine. Sans changer de fournisseur, Moscou offre d’une certaine manière une plus grande sécurité énergétique à des pays comme la Bulgarie et la Roumanie, déjà extrêmement dépendants du gaz russe, en diversifiant les routes d’approvisionnement. Dans ce cadre, le projet White Stream, dont le consortium reste particulièrement discret&#8239;[10]
[10]
La composition officielle en est inconnue. Il est toutefois…, apparaît comme de moins en moins viable, surtout depuis qu’il a été exclu de la liste des projets d’intérêt commun de l’UE&#8239;[11]
[11]
Union européenne, État des projets d’intérêt commun, voir no…. Pendant ce temps, la construction du gazoduc Turkstream poursuit sa route. D’un format plus limité, avec un client supplémentaire par rapport à South Stream, Turkstream s’avère bien plus viable économiquement, surtout avec une diversification des ventes de gaz de la Russie vers l’Asie, qui limite de facto les volumes pour l’Europe. Construit exclusivement par Gazprom – la compagnie publique turque Botas¸ n’est concernée que pour la partie terrestre en Turquie –, il a pour l’instant obtenu toutes les autorisations nécessaires, y compris de la part des autorités d’Ankara, et devrait entrer en fonction en 2019 ou 2020, selon la vitesse d’avancée des travaux. Il verra le jour avant White Stream en tout cas.

figure im1
Conclusion

16Sans que les aspects énergétiques aient été la principale donnée présidant à l’annexion de la Crimée, il apparaît que ces derniers ne peuvent être sous-estimés. La Crimée offrait à l’Ukraine, avant 2014, la perspective d’une moindre dépendance aux approvisionnements russes par les richesses que recelaient les champs off-shore de la mer Noire. Alors que la production d’hydrocarbures de la péninsule ne cessait d’augmenter depuis quelques années, la guerre est venue stopper cet élan, mais elle n’a pas fait disparaître les ressources. Le gaz de Crimée, maintenant sous contrôle des autorités locales et fédérales russes, est l’une des clés de l’indépendance énergétique de la péninsule. En attendant que ces exploitations tiennent leurs promesses, Moscou est néanmoins obligée de tracer des artères énergétiques depuis le Caucase Nord, maintenant la Crimée sous perfusion, à la suite de l’arrêt des approvisionnements électriques et gaziers depuis l’Ukraine.

17Toutefois cette annexion n’a pas eu que des implications énergétiques entre la Russie et l’Ukraine. La modification des frontières maritimes en mer Noire a également bouleversé les projets de gazoducs du Corridor Sud. Le projet White Stream, destiné à approvisionner les Balkans orientaux et l’Ukraine depuis le Caucase Sud, semble bien compromis puisque sa route passe au travers des eaux territoriales de la Crimée, revendiquées par la Russie. Dans le même temps, le projet russe Turkstream, qui vise également à approvisionner la rive européenne de la mer Noire, se positionne comme un concurrent à la fois plus viable et plus sérieux. De nombreuses questions sont ainsi ouvertes, faisant de la Crimée le point focal des relations énergétiques de la région de la mer Noire et au-delà, ainsi que des projets d’approvisionnement de l’Europe par son flanc sud.



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Ajouté le : 02/12/2022 15:31

Barge

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